Chet Baker - Like Someone In Love

sábado, 30 de diciembre de 2017

El cementerio marino - Paul Valéry - Francia


Le cimetière marin

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencee
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous une voile de flamme,
O mon silence! . . . Édifice dans l'ame,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!

Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié!
Je te tends pure à ta place première,
Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d'ombre une morne moitié.

O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!

Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!

Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes!
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant! . . .
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient les pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas!

Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir!

Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!

Non, non! . . . Debout! Dans l'ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.

Oui! grande mer de delires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil

Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux rejouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!


El cementerio marino

Ese techo -palomas y caminos-
entre tumbas palpita y entre pinos.
Filo del mediodía, arde la amarga
mar, la mar siempre recién renacida.
¡Premio al pensar: cómo después mi vida
calma en los dioses su mirada larga!

¡Que un tejer de relámpagos consuma
tanto diamante efímero de espuma,
y la paz por ventura comprendemos!
Pues cuando un sol reposa en el abismo,
labores puras de un Principio mismo,
el tiempo brilla y, al soñar, sabemos.

Tesoro estable, templo de Minerva,
sosiego en masa y lúcida reserva,
Agua parpadeante, Ojo que ocultas
bajo la llama tanto sueño y calma,
¡oh mi silencio!... Edificio en el alma,
colmo de oro, techo que sepultas.

Templo del Tiempo en un suspiro, un rapto,
Trepo a ese punto puro y a él me adapto
y en torno esparzo mi mirar marino.
Y a los dioses elevo -ofrenda suma-
tanto imposible hervir de luz y espuma
desparramando un tedio diamantino.

Como la fruta en goce se resuelve
y su ausencia en delicia que no vuelve
en una boca que abolió su esfera,
mi porvenir de humo aspiro en vida
y el cielo canta al alma consumida
cómo en rumor se muda la ribera.

¡Mírame otro, oh bello, oh cierto cielo!
Tras tanto orgullo y tan extraño anhelo
de ociosidad colmada de pujanza,
a este espacio me doy. Mi sombra leve
sobre las casas de los muertos mueve
sus velos y se humilla a su mudanza.

El alma expuesta a antorchas de solsticio,
¡yo te sostengo, riguroso quicio,
ley de la luz en armas, sin piedad!
Pura, te vuelvo hasta tu antigua cumbre.
¡Contémplate!... Mas devolver la lumbre
supone en sombra aciaga otra mitad.

Para mí solo, solo, donde mana
de mi íntima poesía la fontana,
entre el vacío y el suceso puro,
aguardo el eco de mi hondura interna
sombría, amarga y música cisterna,
alma hueca de un son siempre futuro.

¿Sabes, falsa cautiva de esas frondas
o rejas que devoras con tus ondas,
a ojos ciegos secretos esplendentes,
qué cuerpo me empereza hacia esta nada,
a esta tierra de huesos abonada?
Una centella piensa en mis ausentes.

Sacro redil, lleno de un fuego alado,
trozo de tierra a la luz ofrendado,
en él, ¡antorchas!, quiero complacerme.
Árboles, oro, piedra y mármol tanto
temblando sobre tanta sombra y llanto.
La mar -leal- sobre mis tumbas duerme.

¡Ladra tú, perra espléndida, al impío
idólatra! Que yo, pastor, sonrío
y apaciento carneros misteriosos,
blanco rebaño de las tumbas quietas.
Aléjame palomas recoletas,
baldíos sueños, ángeles curiosos.

Y el porvenir es ya pereza. Rasca
la agria chicharra y chasca la ojarasca.
Todo, ardido, deshecho, va a la altura,
por el aire, a no sé qué grave esencia.
Vasta es la vida, en embriaguez de ausencia,
la mente clara y dulce la amargura.

Escondidos aquí en el cementerio
que los calienta y seca su misterio,
los muertos bien están. Y arriba el quieto
Mediodía en sí piensa, a sí se gusta.
Cabeza en paz, diadema que se ajusta,
en ti yo soy el devenir secreto.

¡Me tienes sólo a mí entre tus temores!
Mis desmayos, mis dudas, mis dolores
son el defecto de tu gran diamante.
Pero en su noche, toda hundida en mármoles,
un pueblo en las raíces de los árboles
vaga hacia ti, despacio, vacilante.

Ya se han fundido en una ausencia espesa.
Bebió la arcilla roja de la huesa
la blanca especie. Y flores allí oscilan.
¿Y las frases queridas de los muertos?
¿Y el arte, el alma, personales, ciertos?
Donde lloros manaban, larvas hilan.

Chillidos de muchachas retozadas,
ojos, dientes, mejillas mal gozadas,
el seno audaz que juega con el fuego,
sangre en los labios que por fin se entregan,
últimos dones, dedos que aún los niegan:
¡Todo va bajo tierra y vuelve al juego!

¿Y tú, alma grande, un sueño acaso esperas
que ya no mienta tintas lisonjeras,
como ese oro, esas ondas en vaivén?
Disuelta ¿aún cantarías? ¡Bah! ¡Todo huye!
Mi presencia porosa se diluye
y la santa inquietud muere también.

Flaca inmortalidad, negra y dorada,
consoladora horrenda y laureada
que nos cambias la muerte en madre tierna.
Qué lindo embuste y qué piadosa traza.
¿Quién que ya los conozca, no rechaza
al cráneo huero y a su risa eterna?

Padres hondos, cabezas no habitadas,
bajo el peso de tantas paletadas,
tierra sois en que el paso se me pierde.
El gusano, tan cierto, que me roe,
a vosotros, durmientes, no os corroe.
¡Vive de vida y sin cejar me muerde!

¿Amor quizá o es odio de mí mismo?
Su oculto diente ahínca en tal abismo
que cualquier nombre le es indiferente.
Qué importa. Mira y quiere y sueña y toca
y le tienta mi carne y le provoca.
¡Viviendo estoy de ser de ese viviente!

¡Zenón, Zenón de Elea la nombrada!
¿Me has traspasado con tu flecha alada
que vibra y quieta está, vuela y no vuela?
¡Me engendra el son, me mata la saeta!
¡Oh Sol!... ¡Qué sombra de tortuga, meta
del alma. Aquiles que el correr congela!

¡No, No! ¡De pie! ¡A la era sucesiva!
¡Rompe, cuerpo, esta forma pensativa!
¡Bebe el nacer del viento que te sonda!
Esa frescura que la mar exhala
-¡la sal!- me vuelve el alma y me regala.
¡Corred! ¡Saltad! ¡A hundirnos en la onda!

¡Sí, delirante mar alborotada,
piel de pantera y clámide estofada
por mil soles que al sol heredan culto,
hidra absoluta, carne azul de ola
que te muerdes las chispas de tu cola
en un sordo y unánime tumulto!

¡Hay que vivir! ¡Ya se levanta el viento,
cierra, abre el libro, a ráfagas, violento!
¡Allá van olas, chocan, se deshacen!
¡Volad, páginas mías, deslumbradas!
¡Romped, olas del júbilo brotadas,
el techo liso en que los foques pacen!
Traducción de Gerardo Diego

jueves, 28 de diciembre de 2017

Libertad - Paul Éluard - Francia


Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


Libertad

Sobre mis cuadernos de escolar 
Sobre mi pupitre y los árboles 
Sobre la arena sobre la nieve 
Escribo tu nombre

Sobre todas las páginas leídas
Sobre todas las páginas en blanco
Piedra sangre papel o ceniza
Escribo tu nombre

Sobre las imágenes doradas
Sobre las armas de los guerreros
Sobre la corona de los reyes
Escribo tu nombre

Sobre la jungla y el desierto
Sobre los nidos sobre las retamas
Sobre el eco de mi infancia
Escribo tu nombre

Sobre la maravilla de las noches
Sobre el pan blanco de los días
Sobre las estaciones desposadas
Escribo tu nombre

Sobre todos mis retazos de azur
Sobre el estanque sol mohoso
Sobre el lago luna viviente
Escribo tu nombre

Sobre los campos sobre el horizonte
Sobre las alas de los pájaros
y sobre el molino de las sombras
Escribo tu nombre

SObre cada aliento de la aurora
Sobre la mar sobre los barcos
Sobre la montaña enloquecida
Escribo tu nombre

Sobre la espuma de las nubes
Sobre los sudores de la tormenta
Sobre la lluvia espesa insípida
Escribo tu nombre

Sobre las formas centelleantes
Sobre las campanas de colores
Sobre la verdad física
Escribo tu nombre

Sobre los senderos despiertos
Sobre las rutas desplegadas
Sobre las plazas desbordadas
Escribotu nombre

Sobre la lámpara que se enciende
Sobre la lámpara que se apaga
Sobre mis casas reunidas
Escribo tu nombre

Sobre el fruto cortado en dos
Del espejo y de mi cuarto
Sobre mi lecho concha vacía
Escribo tu nombre

Sobre mi perro goloso y tierno
Sobre sus orejas erguidas
Sobre su pata desmañada
Escribo tu nombre

Sobre el trampolín de mi puerta
Sobre los objetos familiares
Sobre la onda del fuego bendito
Escribo tu nombre

Sobre el vitral de las sorpresas
Sobre los labios atentos
Muy por encima del silencio
Escribo tu nombre

Sobre mis refugios destruidos
Sobre mis faros desplomados
Sobre los muros de mi hastío
Escribo tu nombre

Sobre la ausencia sin deseos
Sobre la soledad desnuda
Sobre el escalón de la muerte
Escribo tu nombre

Sobre la salud recobrada
Sobre el peligro que se aleja
Sobre la esperanza sin recuerdos
Escribo tu nombre

Y por el poder de una palabra
Vuelvo a recomenzar mi vida
Yo nací para conocerte
Para nombrarte

Libertad.
Traducción de Rafael Alberti y Mª Teresa León
Liberté - Enfoirés, 2016

martes, 26 de diciembre de 2017

On the Beach at Night Alone - Walt Whitman - Estados Unidos


On the Beach at Night Alone

On the beach at night alone,
As the old mother sways her to and fro, singing her husky song,
As I watch the bright stars shining, I think a thought of the clef of                                                                            [the universes, and of the future.

A vast similitude interlocks all,
All spheres, grown, ungrown, small, large, suns, moons, planets
All distances of place however wide,
All distances of time, all inanimate forms,
All souls, all living bodies, though they be ever so different,                                                                            [or in different worlds,
All gaseous, watery, vegetable, mineral processes, the fishes,                                                                                   [the brutes,  
All nations, colors, barbarisms, civilizations, languages,
All identities that have existed, or may exist, on this globe,                                                                                    [or any globe,
All lives and deaths, all of the past, present, future,
This vast similitude spans them, and always has spann’d,
And shall forever span them and compactly hold and enclose them.


En la playa, de noche, solo

En la playa, de noche, solo.

Mientras la noche antigua se mueve de aquí
para allá, cantando, ronco su canto.

Mientras oteo las estrellas lucientes -que relucen-
y me pongo a pensar en la clave del universo,
en el porvenir,

Una vasta similitud lo entrelaza todo.

Todas las esferas, acabadas, inacabadas,
Diminutas, grandes, soles, lunas, planetas.

Todas las distancias, aunque vastas, en el espacio,

Todas las distancias en el tiempo, todas las formas inanimadas,

Todas las almas, todos los cuerpos vivos
Por diferentes que fueran o en diferentes mundos.

Todos los procesos, gaseosos, acuáticos, vegetales,
minerales, los peces, los brutos.

Todas las naciones, coloraciones, barbaries,
civilizaciones, lenguas.

Todas las identidades que han existido
o puedan exirtir en este Globo o en otros Globos, 

Todas las vidas o todas las muertes,
todas las del pasado, el presente y el futuro,

Esta vasta similitud las abarca a todas
y siempre las ha abarcado.

Y las abarcará para siempre y las mantendrá
compactas y encerradas.
Traducción de Jorge Guillén

domingo, 24 de diciembre de 2017

Curtido y destocado - J. V. Foix - España


Bru i descofat

Bru i descofat, descalç, d’aventura,
en dia fosc, per les platges desertes
errava sol. Imaginava inertes
formes sense aura i nom, i llur pintura.
I veia, drets davant llur sepultura,
homes estranys amb les testes obertes,
un doll de sang en llurs ombres incertes,
i un cel de nit fent dura llur figura.
Entre sospirs, el seny interrogava
si veia just: ¿Les imatges funestes
eren en mi o en la natura brava?
I m’ho pregunt encara en mil requestes:
les ficcions -i jo en visc!-, fan esclava
la ment, o són els seus camins celestes?


Curtido y destocado

Curtido y destocado, a la aventura,
Descalzo recorrí playas desiertas
En fosco día, viendo formas yertas
Exentas de aura, nombre y su pintura.
Salidos de su propia sepultura,
Hombres con las cabezas entreabiertas,
Vagas sombras de sangre recubiertas
Que al cielo endurecían su figura.
La razón, suspirando, preguntaba
Si yo engendraba las imágenes funestas
O la naturaleza las formaba.
Mil veces considero estas propuestas:
Las ficciones que vivo: ¿Hacen esclava
A mi mente o más bien son respuestas?
Traducción de Manuel Longares

viernes, 22 de diciembre de 2017

Fragmentos de Chants de refus (Cantos de rechazo) - Anise Koltz - Luxemburgo


Chaque aube
est une promesse d’éternité

Chaque couchant
sa flamboyante annulation


El alba es 
una promesa de eternidad

El ocaso
su fulgurante anulación

~~~~

Les portraits
épuisés comme les jardins
en automne
gèrent leur passé fané


Los retratos
consumidos como los jardines 
en otoño
administran su pasado marchito

~~~~

Nous avons quitté la mer
ril y a des milliards d’années

La terre nous a été promise
elle nous sortira par la bouche


Salimos del mar 
hace miles de millones de años

Nos prometieron la tierra
por la boca nos saldrá

~~~~

Je cours
à perdre haleine
le long de mes vertèbres
avec la terreur
de ne jamais aboutir


Por mis vértebras
corro 
hasta perder el resuello
con el terror
de no llegar nunca

~~~~

Je me tais
Mes poèmes stockés
dans des silos
pourrissent

La plante de mes pieds
ne s’enracine pas


Me callo
Mis poemas 
almacenados en silos
se pudren

La planta de mis pies 
no echa raíces

~~~~

Mes poèmes me sont étrangers
comme les peintures rupestres

J’ignore leur origine et leur âge
parfois je reconnais un détail
un animal familier


Mis poemas me resultan extraños
como pinturas rupestres

Ignoro su origen y su edad
a veces reconozco un detalle
un animal familiar

~~~~

Tous les poèmes
non écrits
pèsent sur moi
comme l’ombre accumulée
d’un été


Los poemas 
no escritos 
pesan sobre mí
como la sombra acumulada 
de un verano

~~~~

Poissons des grands fonds
les phrases meurent
dès qu’elles montent
a la surface


Peces abisales
las frases mueren
en cuanto suben 
a la superficie

~~~~

Parfois une parole
tombe du ciel
avec une goutte de pluie
un flocon de neige

Elle ne vise personne
mais recouvre tout à coup
un paysage


A veces una palabra
cae del cielo
con una gota de lluvia
un copo de nieve

No va dirigida a nadie
pero cubre de golpe
un paisaje
Traducción de José M. G. Holguera

miércoles, 20 de diciembre de 2017

Piedra sobre piedra - Juan Manuel Roca - Colombia


Con las piedras lanzadas
contra mí
he construido
los muros de mi casa
Anise Koltz
Con las que han arrojado a mi paso
Podría edificar un estadio,
Un teatro y un sonoro Coliseo.
La Bolsa de valores,
Dos catedrales y un cementerio.
El estadio para que tremolen
Sus banderas mis enemigos.
El teatro para que ensayen
El tiro al blanco del furor o el improperio.
El Coliseo, cepo de odio, foso romano
Donde rujan los leones de su ira.
La bolsa de valores en la que fijan precio
Al vicio de respirar que me acompaña.
Una catedral con piedras de presidio.
Otra con vitrales y escenas de caza
En las que huyo, asediado por la jauría.
Y un inmenso cementerio imaginario,
Querida Anise Koltz,
Un inmenso cementerio
Donde abono las flores del olvido.

lunes, 18 de diciembre de 2017

Literatura y fútbol/ 6 - Fragmento de El gol y la memoria - Andrés Neuman - Argentina-España


Andrés Neuman, escritor argentino afincado en España desde hace unos cuantos años, escribió en la revista literaria Mercurio de junio de 2002 una evocación de su infancia bonaerense titulada El gol y la memoria. El texto comienza parafraseando a Antonio Machado con la sigiente frase: Mi infancia son recuerdos de un patio con gravilla... Genial.

[...] Por eso Maradona, además de un imposible cuento fantástico en diez segundos, con aquel gol zigzagueante acababa de escribir, sin saberlo, el nuevo Martín Fierro. Todo un poema épico que, además de ser relatado hasta la saciedad en las calles, venía a terminar de dibujar el espejismo de la reconstrucción.

Me recuerdo, tras el mundial de México, hojeando la prensa en busca de reportajes sobre la selección. Y recuerdo también aquellas fotos de aquel anciano que, con el tiempo, se me iría también divinizando. Aquel anciano cuyo rostro, entonces, no reconocí del todo. Las noticias alternaban fútbol y literatura. El mes de agosto de 1986 iba entibiándose. Maradona acababa de levantar la copa, y Borges acababa de agachar la cabeza. Por aquel entonces, leía yo novelas de aventuras, de misterio o de terror. Dentro del colegio -donde no había alumnas- buscaba una amiga en la pelota. [...]

sábado, 16 de diciembre de 2017

Confianzas - Juan Gelman - Argentina


se sienta a la mesa y escribe

"con este poema no tomarás el poder" dice

"con estos versos no harás la Revolución" dice
"ni con miles de versos harás la Revolución" dice


y más: esos versos no han de servirle para

que peones maestros hacheros vivan mejor

coman mejor o él mismo coma viva mejor
ni para enamorar a una le servirán


no ganará plata con ellos

no entrará al cine gratis con ellos

no le darán ropa por ellos
no conseguirá tabaco o vino por ellos


ni papagayos ni bufandas ni barcos

ni toros ni paraguas conseguirá por ellos

si por ellos fuera la lluvia lo mojará
no alcanzará perdón o gracia por ellos


"con este poema no tomarás el poder" dice

"con estos versos no harás la Revolución" dice

"ni con miles de versos harás la Revolución" dice
se sienta a la mesa y escribe

jueves, 14 de diciembre de 2017

Literatura y fútbol/ 5 - El hincha de fútbol - Eduardo Galeano - Uruguay


Una vez por semana, el hincha huye de su casa y asiste al estadio.

Flamean las banderas, suenan las matracas, los cohetes, los tambores, llueven las serpientes y el papel picado; la ciudad desaparece, la rutina se olvida, sólo existe el templo.

En este espacio sagrado, la única religión que no tiene ateos exhibe a sus divinidades. Aunque el hincha puede contemplar el milagro, más cómodamente, en la pantalla de la tele, prefiere emprender la peregrinación hacia este lugar donde puede ver en carne y hueso a sus ángeles, batiéndose a duelo contra los demonios de turno.

Aquí, el hincha agita el pañuelo, traga saliva, glup, traga veneno, se come la gorra, susurra plegarias y maldiciones y de pronto se rompe la garganta en una ovación y salta como pulga abrazando al desconocido que grita el gol a su lado. Mientras dura la misa pagana, el hincha es muchos. Con miles de devotos comparte la certeza de que somos los mejores, todos los árbitros están vendidos, todos los rivales son tramposos.

Rara vez el hincha dice: "hoy juega mi club". Más bien dice: "Hoy jugamos nosotros". Bien sabe este jugador número doce que es él quien sopla los vientos de fervor que empujan la pelota cuando ella se duerme, como bien saben los otros once jugadores que jugar sin hinchada es como bailar sin música.
Cuando el partido concluye, el hincha, que no se ha movido de la tribuna, celebra su victoria; qué goleada les hicimos, qué paliza les dimos, o llora su derrota; otra vez nos estafaron, juez ladrón.

Y entonces el sol se va y el hincha se va. Caen las sombras sobre el estadio que se vacía. En las gradas de cemento arden, aquí y allá, algunas hogueras de fuego fugaz, mientras se van apagando las luces y las voces. El estadio se queda solo y también el hincha regresa a su soledad, yo que ha sido nosotros: el hincha se aleja, se dispersa, se pierde, y el domingo es melancólico como un miércoles de cenizas después de la muerte del carnaval.

martes, 12 de diciembre de 2017

Literatura y fútbol/ 4 - Fragmento de la Comedia de los errores - William Shakespeare - Inglaterra


A finales de la Edad Media y siglos posteriores se desarrollaron en las islas británicas y zonas aledañas distintos juegos de equipo, a los cuales se los conocía como códigos de fútbol. Estos códigos se fueron unificando con el paso del tiempo, pero fue en la segunda mitad del siglo XVII cuando se dieron las primeras grandes unificaciones del fútbol, las cuales dieron origen al fútbol de rugby, al fútbol americano, al fútbol australiano, etc., y al deporte que hoy se conoce en gran parte del mundo como fútbol a secas.

En otras zonas del mundo también se practicaban juegos en los que una pelota era impulsada con los pies. Entre ellas pueden mencionarse las Reducciones Jesuíticas de la zona guaraní, más específicamente en la de San Ignacio Miní en el siglo XVII, en la región que ahora se conoce como Misiones. El jesuita español José Manuel Peramás escribió en su libro 'De vita et moribus tredecim virorum paraguaycorum': 'Solían también jugar con un balón, que, aún siendo de goma llena, era tan ligero y rápido que, cada vez que lo golpeaban, seguía rebotando algún tiempo, sin pararse, impulsado por su propio peso. No lanzaban la pelota con la mano, como nosotros, sino con la parte superior del pie desnudo, pasándola y recibiéndola con gran agilidad y precisión.' [...] (Wikipedia)

En la Comedia de los errores de Shakespeare, Drumio dice:

Ruedo para vos de tal manera…
¿Me habéis tomado por un balón de fútbol?
Me pateáis hacia allá,
y él me patea hacia aquí.
Si he de aguantar a vuestro servicio,
deberiais forrarme de cuero.

domingo, 10 de diciembre de 2017

Norma y paraíso de los negros - Federico García Lorca - España


II
Los negros
Para Ángel del Río

Norma y paraíso de los negros

Odian la sombra del pájaro
sobre el pleamar de la blanca mejilla
y el conflicto de luz y viento
en el salón de la nieve fría.

Odian la flecha sin cuerpo,
el pañuelo exacto de la despedida,
la aguja que mantiene presión y rosa
en el gramíneo rubor de la sonrisa.

Aman el azul desierto,
las vacilantes expresiones bovinas,
la mentirosa luna de los polos,
la danza curva del agua en la orilla.

Con la ciencia del tronco y el rastro
llenan de nervios luminosos la arcilla
y patinan lúbricos por aguas y arenas
gustando la amarga frescura de su milenaria saliva.

Es por el azul crujiente,
azul sin un gusano ni una huella dormida,
donde los huevos de avestruz quedan eternos
y deambulan intactas las lluvias bailarinas.

Es por el azul sin historia,
azul de una noche sin temor de día,
azul donde el desnudo del viento va quebrando
los camellos sonánbulos de las nubes vacías.

Es allí donde sueñan los torsos bajo la gula de la hierba.
Allí los corales empapan la desesperación de la tinta,
los durmientes borran sus perfiles bajo la madeja de los caracoles
y queda el hueso de la danza sobre las últimas cenizas.
De Poeta en Nueva York 
II - Los negros, 1929-1930
Norma y paraíso de los negros - Enrique Morente y Lagartija Nick

viernes, 8 de diciembre de 2017

Microrrelatos/ 25 - Ecosistema - José María Merino - España


   El día de mi cumpleaños, mi sobrina me regaló un bonsái y un libro de instrucciones para cuidarlo. Coloqué el bonsái en la galería, con los demás tiestos, y conseguí que floreciese. En otoño aparecieron entre la tierra unos diminutos insectos blancos, pero no parecían perjudicar al bonsái. En primavera, una mañana, a la hora de regar, me pareció vislumbrar algo que revoloteaba entre las hojitas. Con paciencia y una lupa, acabé descubriendo que se trataba de un pájaro minúsculo. En poco tiempo el bonsái se llenó de pájaros, que se alimentaban de los insectos. A finales de verano, escondida entre las raíces del bonsái, encontré una mujercita desnuda. Espián­dola con sigilo, supe que comía los huevos de los nidos. Ahora ­vivo con ella, y hemos ideado el modo de cazar a los pájaros­. Al parecer, nadie en casa sabe dónde estoy. Mi sobrina, muy triste por mi ausencia, cuida mis plantas como un homenaje ­al desaparecido. En uno de los otros tiestos, a lo lejos, me ha parecido ver la figura de un mamut.

miércoles, 6 de diciembre de 2017

Me tiraste un limón, y tan amargo - Miguel Hernández - España


Me tiraste un limón, y tan amargo,
con una mano cálida, y tan pura,
que no menoscabó su arquitectura
y probé su amargura, sin embargo.

Con el golpe amarillo, de un letargo
dulce pasó a una ansiosa calentura
mi sangre, que sintió la mordedura
de una punta de seno duro y largo.

Pero al mirarte y verte la sonrisa
que te produjo el limonado hecho,
a mi voraz malicia tan ajena,

se me durmió la sangre en la camisa,
y se volvió el poroso y áureo pecho
una picuda y deslumbrante pena.
De El silbo vulnerado, 1934

    En este soneto, parece ser que relata un hecho real, de un día que Josefina le tiró un limón a Miguel en la cabeza porque él, estando en el huerto, le robó un beso al descuido y ella, ofendida, le tiró un limón y le produjo una herida sangrante, y además a ella parece ser que le hizo gracia el limonado hecho y encima se ríe. Este despecho o desprecio fue causa de un deseo frustrado que llevó al poeta en otros sonetos a recordar sus "delincuentes" besos, el deseo de ser besado por la amada, que tenía una "mentalidad pueblerina". FRANCISCO ESTEVE

lunes, 4 de diciembre de 2017

Fábulas/ 23 - Un cruce - Franz Kafka - Checoslovaquia


    Tengo un animal peculiar, mitad gatito, mitad cordero. Es herencia de mi padre, pero se ha desarrollado en los últimos tiempos, antes era más cordero que gatito, ahora, sin embargo, posee la misma proporción de ambos. De gato, cabeza y garras; de cordero, tamaño y forma corporal; de ambos tiene los ojos, que son llameantes y dulces; el pelaje es suave y apretado; puede andar a saltos y despacio, sin ruido; cuando brilla el sol se hace un ovillo en el alféizar de la ventana y ronronea; corre como un loco en la pradera y apenas se le puede atrapar; huye de los gatos, a los corderos los quiere atacar; en las noches de luna llena su camino favorito es el canalón, no puede maullar y siente repugnancia por las ratas; puede quedarse acechando ante el gallinero durante horas, pero aún no ha aprovechado una oportunidad para matar; yo lo alimento con leche dulce, es lo que le va mejor; la toma a través de sus dos colmillos dando largos sorbos. Por supuesto, es todo un espectáculo para los niños. El domingo por la mañana hay horas de visita, yo tengo al animalito en el regazo y niños de todo el vecindario se ponen a mi alrededor. Entonces plantean preguntas tan extrañas que ningún hombre las puede responder. Yo tampoco me esfuerzo en hacerlo, me limito, sin más explicaciones, a mostrar lo que tengo. A veces, los niños traen gatos, una vez, incluso, dos corderos; pero para su decepción no se produjo ningún signo de reconocimiento, los animales se miraron tranquilamente con sus ojos de seres irracionales y, por lo visto, tomaron su existencia mutua como un hecho divino.

sábado, 2 de diciembre de 2017

Literatura y fútbol/ 3 - Oda a Platko - Rafael Alberti // Contraoda de poeta de la Real Sociedad - Gabriel Celaya - España


1928: Los Campos de Sport del Sardinero de Santander son escenario de la final de Copa de fútbol entre el F.C. Barcelona y la Real Sociedad de San Sebastián. Tres partidos van a ser necesarios para saber quién se proclama campeón (no existía entonces el lanzamiento final de penalties).
En el primero de esos partidos, jugado el día 20 de mayo, el portero del Barcelona, el húngaro Platko, se convirtió en héroe por su comportamiento. Así lo narraba Sport Cantabria: Cuando la Real estaba achuchando la portería catalana, su delantero centro Cholin, en una posicion envidiable, avanzó hasta la portería. Cuando el gol parecía inevitable, el guardameta Platko realizó una gran estirada y se arrojó sobre el pie del jugador donostiarra conteniendo así el tiro, pero a cambio de recibir en la cabeza el golpe destinado al balón. La patada fue brutal, Platko quedó conmocionado y tuvieron que retirarle del campo para aplicarle 6 puntos de sutura en la herida ensangrentada. El guardameta volvió al terreno de juego con un aparatoso vendaje que acabaría perdiendo en el transcurso del partido. No jugaría la final dos días después.
El poeta Rafael Alberti, uno de los espectadores presentes en el campo, impresionado, dedicó a Platko la siguiente oda, aparecida en la primera página del periódico La Voz de Cantabria del día 27 de mayo de 1928:

Oda a Platko

Nadie se olvida, Platko,
no, nadie, nadie, nadie,
oso rubio de Hungría.
Ni el mar,
que frente a ti saltaba sin poder defenderte.
Ni la lluvia. Ni el viento, que era el que más rugía.
Ni el mar, ni el viento, Platko,
rubio Platko de sangre,
guardameta en el polvo,
pararrayos.
No nadie, nadie, nadie.
Camisetas azules y blancas, sobre el aire.
Camisetas reales,
contrarias, contra ti, volando y arrastrándote.
Platko, Platko lejano,
rubio Platko tronchado,
tigre ardiente en la yerba de otro país.
¡Tú, llave, Platko, tu llave rota,
llave áurea caída ante el pórtico áureo!
No nadie, nadie, nadie,
nadie se olvida, Platko.
Volvió su espalda al cielo.
Camisetas azules y granas flamearon,
apagadas sin viento.
El mar, vueltos los ojos,
se tumbó y nada dijo.
Sangrando en los ojales,
sangrando por ti, Platko,
por ti, sangre de Hungría,
sin tu sangre, tu impulso, tu parada, tu salto
temieron las insignias.
No nadie, Platko, nadie,
nadie se olvida.
Fue la vuelta del mar.
Fueron diez rápidas banderas
incendiadas sin freno.
Fue la vuelta del viento.
La vuelta al corazón de la esperanza.
Fue tu vuelta.
Azul heróico y grana,
mando el aire en las venas.
Alas, alas celestes y blancas,
rotas alas, combatidas, sin plumas,
escalaron la yerba.
Y el aire tuvo piernas,
tronco, brazos, cabeza.
¡Y todo por ti, Platko,
rubio Platko de Hungría!
Y en tu honor, por tu vuelta,
porque volviste el pulso perdido a la pelea,
en el arco contrario al viento abrió una brecha.
Nadie, nadie se olvida.
El cielo, el mar, la lluvia lo recuerdan.
Las insignias.
Las doradas insignias, flores de los ojales,
cerradas, por ti abiertas.
No nadie, nadie, nadie,
nadie se olvida, Platko.
Ni el final: tu salida,
oso rubio de sangre,
desmayada bandera en hombros por el campo.
¡Oh, Platko, Platko, Platko
tú, tan lejos de Hungría !
¿Qué mar hubiera sido capaz de no llorarte?
Nadie, nadie se olvida,
no, nadie, nadie, nadie.

Entre los espectadores se encontraban también Carlos Gardel y Gabriel Celaya, que escribió en respuesta a Rafael Alberti, casi cincuenta años después, esta

Contraoda de poeta de la Real Sociedad

Y recuerdo también nuestra triple derrota
en aquellos partidos frente al Barcelona
que si nos ganó, no fue gracias a Platko
sino por diez penaltis claros que nos robaron.
Camisolas azules y blancas volaban
al aire, felices, como pájaros libres,
asaltaban la meta defendida con furia
y nada pudo entonces toda la inteligencia
y el despliegue de los donostiarras
que luchaban entonces contra la rabia ciega
y el barro, y las patadas, y un árbitro comprado.
Todos lo recordamos y quizás más que tú,
mi querido Alberti, lo recuerdo yo,
porque yo estaba allí, porque vi lo que vi,
lo que tú has olvidado, pero nosotros siempre
recordamos: ganamos. En buena ley, ganamos
y hay algo que no cambian los falsos resultados.

La defensa de los colores txuri-urdin (blanquiazul) de Gabriel Celaya fue correspondida por el equipo vasco cuando, tras la muerte del poeta en 1991, los jugadores de la Real lucieron en su honor unos brazaletes negros ante el Athletic de Bilbao.
Imágenes de la Final que consagró al F. C. Barcelona como Campeón de España. 
Documental narrado en catalán en el que Rafael Alberti lee un fragmento de su Oda a Platko